Journée de rencontre et de formation à Sainte-Garde 4 mars 2023

Cette année, le Studium a apporté sa collaboration à « Notre-Dame de Vie éducation » (qui veille sur les établissements de la tutelle de l’Institut NDV) pour une journée sur le thème de l’attention. Cela, dans le cadre d’une réflexion sur la croissance humaine, au centre de toute mission d’éducation.

Le premier intervenant, inspecteur de lettres et des disciplines artistiques et attaché culturel de l’Ambassade de France à Madrid, Monsieur Vincent PERROT a souligné, grâce au concept de « résonance », combien l’implication de l’élève est nécessaire pour qu’il soit attentif : la matière transmise par l’enseignant doit résonner concrètement avec sa vie, ensuite il est bon qu’il puisse exprimer ce qui s’est passé. L’enseignant aussi est invité à prendre conscience que sa propre expérience le transforme. Tout cela demande du temps, or justement, l’école est un lieu privilégié pour retrouver le sens du temps dans un monde où tout s’accélère.

Ensuite, le philosophe, Emmanuel Gabellieri a poursuivi la réflexion grâce à la pensée de Simone Weil sur l’attention. Attention dans l’apprentissage scolaire, mais aussi dans le regard porté sur l’autre : « Ce regard est d'abord un regard attentif, où l'âme se vide de tout contenu propre, pour recevoir en elle-même l'être qu'elle regarde, tel qu'il est, dans toute sa vérité. Seul en est capable, celui qui est capable d'attention (…) ainsi il est vrai, quoique que paradoxal, qu'une version latine, qu'un problème de géométrie, même si on les a manqués, pourvu seulement qu'on leur ait accordé l'espèce d'effort qui convient, peuvent rendre mieux capables un jour, plus tard, si l'attention s'en présente, de porter à un malheureux, à l'instant de sa suprême détresse, exactement le secours susceptible de le sauver » (AD 96-97) Ô combien consolante est cette affirmation de la philosophe, nos efforts scolaires, même ceux qui ont échoué, ne sont pas perdus !

Mais pour encourager les jeunes à cette attention dans l’étude, encore faut-il leur permettre de faire l’expérience de leur intériorité. C’est ce que s’applique à faire le Père Bernard Minvielle, prêtre référent au lycée professionnel des Chênes : à travers des expériences toutes simples (exercice avec les 5 sens, observation d’un tableau, puis de ce qui se passe en soi...), ils sont amenés à découvrir qu’être attentif aux pensées qui les traversent, à leurs souvenirs, dans un moment de silence, peut être apaisant... Cela jusqu’à la découverte d’une profondeur en soi où personne ne peut entrer, là où l’on prend les grandes décisions. L’objectif est que les élèves expérimentent leur intériorité comme le lieu de leurs grandes aspirations. Au vue des belles réponses recueillies, l’expérience est concluante.

La beauté des lieux a permis à chacun de se poser et de goûter ce temps de réflexion sur le quotidien, souvent trépidant, au service de l’éducation des jeunes.


Armelle HIRSCHAUER, Professeur de philosophie