François d’Assise et ses frères, session du frère Eric Bidot, o.f.m. cap 

Du 9 au 12 janvier 2023, le frère Éric Bidot est venu donner au Studium une session de spiritualité sur saint François d’Assise et ses frères, qu’il a donnée aux étudiants de baccalauréat et de licence. 

A l’époque où le capitalisme naît en Europe et où la bourgeoisie urbaine se développe, un changement de société considérable s’amorce. C’est un enfant de ce changement, François, fils d’un riche marchand, qui sera à l’origine en 1209 d’une nouvelle forme de vie pour l’Église, reconnue par le pape Urbain III. 

François, fêtard libéral, rêvant de chevalerie et de grandeur, connaîtra la prison, une conversion fulgurante qui fera de lui un mendiant et frère des pauvres. La présence de Jésus-Christ dans le pauvre, dans le lépreux qu’il embrasse, dans toute la création, permet à cet homme au désir grandiose d’ouvrir une nouvelle voie vers la sainteté, dans une nouvelle façon de s’identifier au Christ, nomade itinérant n’ayant pas de pierre où poser la tête. Trois mouvements constants chez François : le renoncement à l’impiété et aux convoitises du monde, la conformation de la vie à celle du Christ, le creusement du désir de voir se réaliser la bienheureuse espérance. 

Cette vie nouvelle, blessée par la pauvreté, s’ouvre à toute la création et à la générosité de Dieu. Prêcheur, saint François s’adresse aux hommes, mais aussi aux oiseaux. Envers les hommes, il se comporte comme un frère, comme une mère. Il lui faudra du temps pour accueillir son corps comme instrument de prière nécessaire et signe du Christ : il recevra les stigmates, finira sa vie dans la cécité, mais en même temps écrira le cantique des créatures et prêchera par sa vie plus encore que par ses paroles. 

Sa vie ouvre encore deux portes très intéressantes pour l’homme d’aujourd’hui : saint François s’inscrit dans une théologie de l’histoire, qui permet d’entrer dans l’économie du Salut, l’originalité de l’action de l’Esprit-Saint au fil des siècles. De même qu’il y avait un avant et un après pour le capitalisme, il y a un avant et un après dans la théologie avec saint François d’Assise. L’autre ouverture est la liberté créative : la vie, la théologie, la grâce ne peuvent être figées. La liberté de l’homme rencontre celle de Dieu, faisant émerger ce qui est d’abord une minorité créative, mais qui en grandissant change la vie des hommes et le cours de l’histoire. 

Une autre partie du cours, réservée aux étudiants de licence, s’intéressait de façon plus spécifique à la théologie symbolique, très présente chez les franciscains, en premier lieu saint Bonaventure qui nous a laissé une vie de saint François. Le symbole permet de tenir ensemble le signe, qui renvoie à plus grand que lui-même, et cette autre réalité, qui est présente d’une certaine façon dans le signe. Ainsi, la création est signe de Dieu créateur, et la bonté de la création parle d’elle-même de la bonté du créateur. 

Le cours était passionnant aussi bien par le sujet, saint François, dont notre pape a pris le nom ; par l’intervenant, qui est un franciscain spécialiste de saint Bonaventure, et par extension de saint François ; par la méthode utilisée, riche d’anecdotes sur la vie de saint François, d’exemples tirés de la vie de l’intervenant, de citations. 


Louis Chauvière, séminariste des Missions Etrangères de Paris en 3ème année de théologie