Séminaire de recherche "La foi rend plus humain"

La foi est-elle juste une option, un superflu, ou bien toute vie humaine suppose-t-elle la foi ? Dans ce cas, la foi chrétienne ne vient-elle pas s’ancrer sur une réalité anthropologique et si oui, comment ?

Ce séminaire d’anthropologie théologique a réuni une quinzaine de participants au Studium de Notre-Dame de Vie les 25 et 26 mars. Il faisait suite à trois séminaires de recherche sur l’enseignement du Bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus (2019 ; 2020 ; 2021), suivis d’un colloque – « Maternité spirituelle et mission de l’Église » (2022) – dont les actes sont à paraître prochainement. Il s’agissait de prolonger la réflexion en l’élargissant. L’urgence d’un approfondissement anthropologique naît d’un certain nombre d’évolutions qui marquent la culture contemporaine. 

Le thème de la foi a été choisi car il mérite d'être à nouveau questionné et réfléchi, mais à partir des questions que travaillent les hommes et les femmes de notre temps : un temps dans lequel la foi n'est plus perçue comme nécessaire et comme capable de changer la qualité de la vie. Est-il possible de vivre une vie d’homme sans la foi ? Le problème ce n'est pas simplement de trouver un langage adéquat pour proposer la foi aujourd'hui, mais de porter un nouveau regard sur notre foi chrétienne, à partir des questions qui nous touchent tous, et qui méritent d'être écoutées. La rencontre elle-même avait été précédée par deux séances du séminaire de professeurs du Studium en novembre et janvier. Le titre donné à la rencontre – « la foi rend plus humain » s’inspire d’une phrase de la constitution Gaudium et Spes du Concile Vatican II : « Quiconque suit le Christ, homme parfait, devient lui-même plus homme. » Les interventions étaient de 30 minutes chacune, suivies d’un temps d’échange de 45 minutes (GS 41.1).

La première demi-journée était centrée sur la thématique « L’homme en question » avec deux intervenants. Jean Noël Dumont (Lyon) a fait l’historique de l’évolution de positions philosophiques ayant abouti à « La fin de l’exception humaine » (titre d’un livre de Jean-Marie Schaeffer de 2007) et Robert Cheaib (Lyon-UCly) a exploré l’expérience de foi au sens large en tant qu’elle est antérieure au geste réflexif de l’assentiment croyant : « Au commencement est la foi ».

La deuxième demi-journée était centrée sur la thématique de « La foi comme dessaisissement ». Pierre Coulange (Studium de Notre-Dame de Vie) est intervenu sur le thème : « Foi et non foi : quel chemin pour devenir ‘plus humain’ ? » à partir de la réflexion d’André Comte Sponville, de Camille Riquier et de Denis Moreau. Jean-François Lefebvre (Studium de Notre-Dame de Vie), a cherché à mettre en perspective la réflexion de deux philosophes contemporains, Foucauld Giuliani (sur la foi) et Corine Pelluchon (sur l’espérance), et la foi biblique telle qu’elle apparaît dans le livre d’Isaïe : « Entrer dans le plan de Dieu en se dessaisissant de ses projets : Is 7,9 dans son contexte ». Antonio Montanari (Studium de Notre-Dame de Vie) a prolongé la réflexion sur le même verset Is 7,9 (traduit à partir de l’hébreu ou du grec) par une enquête sur l’interprétation qu’en fait Saint Augustin : « ‘Crede ut intelligas, intellige ut credas’. Isaïe 7,9 dans la relecture augustinienne du thème de la foi ».

La troisième demi-journée était centrée sur le thème la thématique « Foi et relation ». Albert-Henri Kühlem, o.p. (Marseille, Studium de Notre-Dame de Vie) est intervenu sur le thème « L’homme à la recherche de la foi ou l’homme à la recherche de la relation perdue » : l’absolutisation d’un individualisme existentiel en rendant plus difficile – voire impossible – la relation interpersonnelle a aussi affecté la relation avec Dieu dans la reconnaissance d’une dépendance. Or l’homme, créé par Dieu, est par nature un être de relation. François-Marie Léthel, o.c.d. (Rome, Teresianum) a présenté le fruit d’une recherche sur Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, chez qui foi et amour sont inséparables : « La foi en Jésus, Voie, Vérité et Vie resplendissant dans l'espérance et l'amour, selon sainte Thérèse de Lisieux ».

Les échanges, dans un climat de simplicité, ont permis une recherche commune d’une grande richesse. Le séminaire de l’an prochain reprendra certaines des problématiques abordées pour les approfondir en vue d’un futur colloque.


Père Jean-François LEFEBVRE, Directeur de l'Institut de Théologie