Session de rentrée interdisciplinaire

A l’occasion des 30 ans de la publication du Catéchisme de l’Eglise Catholique, la session de rentée du studium s’est intéressée à la quatrième partie, traitant de la prière.  

Durant cette semaine interdisciplinaire, les professeurs ont offert à la communauté une relecture de cette dernière partie à travers une approche biblique, philosophique, exégétique, pastorale, théologique, missionnaire, et bien entendu spirituelle.  

La session a commencé par un parcours sur la prière dans l’histoire du salut. Le P. Jean-François Lefebvre a proposé de caractériser cette relation entre Dieu et son peuple à partir de trois termes : Don, Alliance et Communion. Elle est tout d’abord Don parce qu’elle commence par une initiative gratuite et libre de l’amour Dieu. Puis Alliance, car une fois ce don reçu, celui qui l’a accueilli est invité à s’engager dans cette relation. Et enfin Communion, car c’est en communiant au Christ, à sa prière et à son offrande, qu'est réalisée la réponse parfaite de l’homme au don de Dieu.  

Ce dernier aspect mentionné est celui qui a résonné tout au long de la semaine. Il est aisé d'en comprendre la raison lorsque l'on reprend les mots d’ouverture du catéchisme : « Dieu, infiniment Parfait et Bienheureux en Lui-même, dans un dessein de pure bonté, a librement créé lhomme pour le faire participer à sa vie Bienheureuse » (CEC §1). Oui, tel est le dessein de Dieu pour l’homme : lui donner de communier à sa vie divine. Cette communion vécue dans la prière est rendue possible par l’adoption filiale qui nous est donnée dans le Christ : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ! […] Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ » (Ep 1,3.5). Par conséquent, c’est en fils dans le Fils que les chrétiens peuvent réaliser cette vocation à participer à la vie Trinitaire. Le Bx Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus avait cette parole forte : « Nous serons du Christ ou nous naurons pas de vie surnaturelle ; nous serons Fils avec le Verbe incarné au sein de la Trinité sainte ou nous serons exclus du royaume des cieux » (JVVD).  

Le Notre-Père est la prière par excellence des fils adoptifs. En effet, plus qu’une simple prière de demande, elle établit celui qui la prie dans cette position d’enfant de Dieu. En reconnaissant Dieu comme notre Père, Lui fait de nous des fils. Dans cette lignée, Sr Marie-David Weill faisait prendre conscience que « lorsque nous crions Père”, Abba”, nous ne faisons pas que constater le lien filial qui nous unit à Dieu par grâce ; nous permettons au Père de limprimer plus profondément en nous, dactualiser notre filiation divine ». 

Nous faisons également cette expérience de notre filiation divine dans la prière silencieuse. En effet, le P. Claude Sarrasin a développé de quelle manière l'oraison était un lieu d’approfondissement de notre identité d’enfant de Dieu. Au début, l’âme vit cette "relation vivante et personnelle avec le Dieu vivant et vrai » (CEC §2258) en s’entretenant avec Lui, en mettant en action ses facultés : raisonnement, intelligence, mémoire, imagination. Puis progressivement, cet échange se fait de plus en plus silencieux et sintériorise au point de n’être plus qu’abandon. Alors, dans ce silence habité par Dieu, l’âme peut entendre l’unique et éternelle parole prononcée par le Père, « son Verbe incarné » (CEC §2258). « Jésus en personne est notre prière » concluait le P. François-Régis Wilhélem, si bien que nous pouvons reconnaître « l'écho de nos voix dans le Christ et l'écho de la voix du Christ en nous » (PGLH N°7). 

En percevant la grandeur de ce qui se vit dans la prière, il  semble facile de comprendre comment cette communion avec Dieu est un lieu de conversion pour tout l’être. Elle entraîne le chrétien à changer son agir, à aimer, à pardonner, à se donner, à vivre comme le Christ, au point de pouvoir dire comme Saint Paul « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi »  (Ga 2,20). 

 


Pierre GUERIN, Séminariste pour les Missions Etrangères de Paris