Une rencontre à Sainte-Garde avec la faculté Jean Calvin

Le 13 mai dernier, le Studium a accueilli la Faculté Jean Calvin d’Aix en Provence dans le cadre des rencontres œcuméniques organisées chaque année.

Cette année, le thème retenu fut celui de la “substitution”. Qu’entend-on par ce terme ? La substitution est la doctrine selon laquelle Jésus-Christ, par sa vie, sa mort et sa résurrection, a agi en tant que représentant et substitut divin pour l’humanité en état de péché. Il a pleinement accompli la volonté de Dieu en portant sur lui le poids et les conséquences du péché humain, rendant ainsi la réconciliation et le salut accessibles à ceux qui croient en Lui. 

Ce temps d’échange a débuté par une prière commune animée par les étudiants du Studium, puis nous avons poursuivi par une première conférence où M. Pierre-Sovann Chauny, professeur de Théologie systématique à la Faculté Jean-Calvin et Père Gilles Garcia, professeur au Studium nous ont présentés tour à tour la doctrine protestante et catholique concernant cette question théologique. 

Ces deux interventions ont suscité de nombreuses questions, aussi bien chez les professeurs que les étudiants, qui ont pu être partagées lors d’un temps d’échange. Citons par exemple la question de l’Incarnation : les deux traditions la reconnaissent comme une étape cruciale et indispensable de l’œuvre rédemptrice du Christ. Dans la théologie catholique, l’Incarnation, du fait de l’union hypostatique qui élève et répare la nature humaine, participe à la Rédemption qui culmine dans la mort et la résurrection du Christ. Tandis que selon la foi protestante, l’Incarnation, condition nécessaire, rend possible la Rédemption, qui s’accomplit dans la mort et la résurrection du Christ. Ainsi, ces interrogations ont rendu manifeste quelques points de divergence entre fois protestante et catholique. 

Puis, le déjeuner a rassemblé professeurs et étudiants des deux instituts, permettant des échanges riches, nourris de témoignages de foi et de conversion personnelle mais aussi de questionnements sur la manière d’enseigner, de prier et de penser la théologie au sein des deux institutions. 

La deuxième partie de la journée fut consacrée à un temps de travail en groupe entre étudiants à partir d’un texte d’Ésaïe prophétisant la Passion du Christ. (Is 52,13-53,12). Ce passage biblique fut un socle de réflexion solide et a permis d’enrichir davantage nos échanges en affinant notamment les différentes conceptions théologiques de nos deux traditions respectives. Parallèlement à cet échange en petits groupes, les professeurs se sont retrouvés pour un temps de dialogue et de réflexion commune, toujours sur le même sujet. 

La fin de cette journée nous a rassemblés pour un dernier temps de partage de ce qui a été vécu en petits groupes. Les débats et questionnements suscités ont montré que nous étions tous soucieux de la recherche de la vérité. 

Par exemple, comment se joue la participation à l’acte rédempteur du Christ ? Chez les protestants, les souffrances humaines, vécues dans l’union au Christ souffrant, sont le creuset pour être sanctifié personnellement. Il n’y a pas d’acte d’offrande des souffrances en tant que tel mais davantage la recherche d’une communion avec le Christ, qui participe à la transformation personnelle de l’âme. Quant à la foi catholique, la notion de souffrance rédemptrice est davantage acceptée et reçue. Par l’adoption filiale reçue au baptême, l’âme reçoit un don qui la rend participante du Salut et de la Grâce Divine. Bien entendu, cette offrande des souffrances n’ajoute rien à la Rédemption, parfaitement et pleinement accomplie en Christ. Au contraire, elle est une participation au fruit de cette rédemption, le don d’un Dieu rédempteur. 

D’autres sujets ont été abordés où différentes conceptions ont été mises en parallèle : la justification et la satisfaction ; la médiation du Christ ; le péché et la dette ; la notion de colère divine et d’impassibilité de Dieu ; etc. Difficile de résumer la richesse de ces échanges en quelques mots ! Finalement, nous avons retenu que le catholicisme mettait davantage l’accent sur une satisfaction inclusive, réparation et restauration de l’ordre voulu par Dieu, grâce à l’amour et la charité du Christ, qui veut nous unir à lui. Tandis que la foi protestante souligne davantage une substitution pénale où le Christ subit le châtiment de nos péchés et nous couvre de sa justice imputée afin d’apaiser la colère divine. En effet, la dette du péché est infinie et ne peut être payée par l’homme, d’où la nécessité d’un substitut divin, vrai Dieu et vrai Homme. 

Enfin, cette table ronde s’est terminée par un temps de prière animé par la Faculté Jean-Calvin : nous avons pu rendre grâce pour ce temps de partage et notre amitié et prier les uns pour les autres pour la poursuite de nos études et nos différents travaux. L’an prochain, c’est la faculté Jean-Calvin qui nous accueillera, le sujet est encore en cours de réflexion et de préparation  !

Anne-Joy Forray, étudiante au Studium